Odile Brandstetter, Vice-présidente Trésorerie du groupe Majorel, une joint-venture des groupes Bertelsmann et Saham, Luxembourg. Elue Trésorière de l’Année au European Finance Summit en mars 2021. Diplômée en 2006, filière Banque et Finance, année à l’étranger à l’université de Tübingen, Allemagne. Parle anglais, allemand, espagnol et mandarin. 2 fils de 9 et 11 ans. 

Alsacienne pure souche, j’ai d’abord fait une licence en langues étrangères appliquées après un bac littéraire au lycée international de Strasbourg. Mon année d’échange à l’université du Wyoming (dans le Far West !) pendant les attentats de 2001 m’a ouvert les yeux sur le management et le leadership, très présents dans la culture et l’enseignement à l’américaine. J’ai passé le concours d’admission parallèle et ai intégré l’EM Strasbourg (alors IECS) en 2002. J’ai choisi l’option Banque et Finance qui me paraissait plus professionnalisante que la filière marketing et moins rigide que la comptabilité pure. J’ai un esprit logique mais pas scientifique ! L’analyse financière et les études de cas en stratégie d’entreprise me plaisaient beaucoup. 

Après plusieurs stages en contrôle de gestion et en banques en France et en Allemagne, un séjour à l’université des langues de Pékin et une nouvelle année d’études à l’université allemande de Tübingen, j’ai réellement commencé ma carrière en 2006 au département financement d’un grand groupe logistique du Grand Est. Mon manager de l’époque m’a tout de suite responsabilisée et je me suis retrouvée à démarcher des banques pour chercher le premier financement de l’histoire de l’entreprise en Italie ! J’ai ensuite progressé dans l’entreprise vers davantage de cash management et de communication financière, jusqu’à l’opportunité de rejoindre un projet encore plus international, dynamique et ambitieux au Luxembourg : Majorel, une joint-venture des groupes Bertelsmann et Saham, respectivement allemand et marocain. Ce mélange de cultures m’a tout de suite fascinée.  

Votre poste

J'ai relevé mi-2019 le défi de créer de toutes pièces un département trésorerie pour une nouvelle joint-venture de grande envergure . La trésorerie était initialement gérée via un accord de prestation de services avec l'un des actionnaires.

Cette transformation profonde à la fois de la structure et de la culture d’entreprise est conséquente. J’ai lancé plusieurs recrutements et formations pour bâtir une communauté de trésoriers à travers le monde, mis en place nos propres processus, généralisé les prévisions de nos flux de trésorerie, et nous travaillons actuellement à la mise en place d’un outil de gestion du cash et du risque de change. Ceci dans un groupe et un secteur en forte croissance et dans le contexte de la crise du Covid19 et de toutes les incertitudes qui affectent la liquidité et l'accès au crédit.

Quels souvenirs gardez-vous de votre école ? 

L’architecture du bâtiment avenue de la Forêt Noire est impressionnante. On y sent à la fois le poids et prestige de l’histoire et une trajectoire engagée vers l’avenir et vers l’international. 

Je me souviens de l’enrichissement apporté par les profs issus de différents milieux universitaires, professionnels, étrangers… Je crois beaucoup au besoin d’éclectisme et à ce que les philosophes appellent « Weltanschauung », qui dépasse une conception nombriliste de perspective unique ! 

J’ai apprécié le cursus obligatoire par l’étranger. Même si j’avais déjà moi-même passé un an aux Etats-Unis, je crois qu’il n’existe rien de plus formateur que de débarquer toute seule d’un avion à l’autre bout du monde pour murir, mieux se connaître et apprendre l’ouverture et la tolérance. 

Quelle est votre implication dans le réseau alumni ? 

Je souhaiterais continuer à partager mon expérience et encourager les vocations dans la trésorerie, ce secteur moins connu et pourtant plus « rock’n roll » de la finance. 

Votre définition de l’influence ?

Je crois au fait de fédérer par l’enthousiasme et l’authenticité. C’est ainsi que se bâtit la confiance. 

Quels sont vos projets ? 

Je poursuis ma mission de transformation chez Majorel. Nous préparons le futur, la croissance, la digitalisation mais aussi la responsabilité sociale de ce secteur très axé sur l’humain. Les nouveaux défis et projets seront eux aussi passionnants. J’espère pouvoir à nouveau voyager prochainement pour rencontrer mes collègues et nos partenaires financiers à travers le monde. Je continue à me former et à apprendre, et j’espère faire encore progresser mes coéquipiers et qu’ils continuent à s’épanouir. J’aimerais m’orienter encore davantage vers la transmission, la stratégie et le leadership. 

Quels conseils donneriez-vous aux étudiants qui souhaiteraient suivre la même voie que vous ?

Ayez de l’ambition, du courage, et de la bienveillance envers vous-même et envers les autres. 

Quels sont vos conseils pour une insertion professionnelle réussie ? 

Posez des questions, tout le temps, partout. Travaillez votre réseau. Ayez confiance en l’intelligence collective et au travail d’équipe pour avancer plus loin. 

Un défi personnel pour demain ?

J’aimerais finir le marathon du Mont-Blanc… debout ! … S’il n’est pas à nouveau annulé à cause des conditions sanitaires. Et j’aimerais faire du surf avec mes deux fils. 

Autre chose ? 

Je me suis rendue compte assez tard que ce qui fait la différence en entreprise et dans la vie de manière générale, c’est l’audace et l’authenticité. Donc il me paraît important de travailler autant que nécessaire pour faire solidement ses preuves, puis d’avoir le courage d’aller vers là où on veut aller, vers là où on veut emmener les autres. L’aviatrice américaine Amelia Earhart a paraît-il dit : « The most difficult thing is the decision to act, the rest is merely tenacity.”J’y pense tous les jours. 

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